Anthony GAVARD
Rédaction PFC: Bonjour Anthony, merci d’avoir rejoint l’association et de répondre à cette petite interview.
Avec grand plaisir.
Rédaction PFC: Peux-tu te présenter en quelques lignes?
Bonjour à tous, je suis Anthony Gavard, j’ai X ans (X étant égal à 42 + (Y-2019), (Y étant l’année où vous lisez cet article) ), je suis acteur, auteur, cascadeur-escrimeur, et réalisateur, et je vais essayer de me présenter en quelques lignes.
Prologue
D’aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours été attiré par la scène, et le métier d’acteur. Quand j’étais jeune, vers sept-huit ans, j’ai appris des sketchs entiers de Roland Magdane et de Coluche – mon père avait les disques des spectacles, et je les avais récupérés… (des 33 tours, bien évidemment, je vous parle d’une époque où les CD n’étaient encore qu’un concept de film de science-fiction). Et même si je ne comprenais pas forcément la subtilité de toutes les blagues, je jouais ces sketchs à l’occasion des fêtes familiales… A 14 ans, j’ai récupéré le caméscope Sony que mon père avait acheté pour filmer les vacances familiales, et qui dormait depuis dans le grenier (la caméra, pas mon père) – vous savez, la caméra que Marty utilise au début de « Retour vers le futur » (enfin, le même modèle, pas celle du film – eh oui, cette info ne sert à rien, mais je trouve ça cool quand même). Et avec les copains, on faisait des petits films en tourné-monté, avec des astuces formidables comme coller les écouteurs du baladeur contre le micro pour mettre de la musique… Et donc, me direz-vous, avant que mon crédit de « quelques lignes » ne s’épuise, et votre attention aussi… Donc, disais-je, en essayant dorénavant d’éviter de me perdre dans d’autres circonvolutions inutiles et superfétatoires, donc, venant d’une petite ville sise près de Nantes, et là je comprendrais que plusieurs n’éprouvent une pointe d’impatience, auquel cas je leur conseille vivement de sauter au chapitre 2, voire 3, donc, redis-je, je me résignais à devenir pâtissier. Oui parce qu’en fait, entre-temps j’avais fait un CAP pâtissier, parce que, hein, pourquoi pas, quand on habite une petite ville, ça semble plus raisonnable que « Acteur », lorsque je fus appelé par la mère-patrie à aller donner un peu de mon temps sous les drapeaux (ce qui s’appelle en clair, pour la jeune génération n’ayant pas connu ces joyeusetés, faire son service militaire). On était en 1998, l’année où la France est devenue championne du monde ! J’ai eu du bol, c’était la dernière année, après c’était fini. Oui, du bol. Car le service militaire m’a amené sur Paris. Et une fois à Paris, je me suis dis :hé bhé, c’est l’endroit où je peux essayer de réaliser mon rêve, et je me suis inscrit au cours Florent – international acting school, avec le sous-titre. L’armée me permettant de suivre les cours du soir, je me suis dit :
Bon, je tente le coup, je suis nourri, logé, comme ça je saurais si ça me plaît vraiment. Si oui, je reste sur Paris, sinon, bhein j’aurais rien perdu. Alors, j’ai posé le pied sur les planches. Et j’ai su.
Chapitre 1
Sans rancune. Providence. Avare et boulets. Nems. Duo. Fureur et Chouette.
Cette première année au cours Florent s’avança doucement à travers ma période militaire, et ce fut bientôt La Quille (c’est-à-dire, pour les jeunes, que j’avais fini, et que la mère-patrie m’estimant enfin devenu un homme, me décollait de son sein nourricier pour me balancer tel un frêle esquif sur l’océan houleux de la vie). Le service militaire s’était bien passé pour moi, planqué aux quartiers généraux du 8ème régiment de transmissions. Entré simple troufion, j’en ressortais sergent, et sans rancune, faisais mes adieux, paré à me lancer de plain-pied dans l’aventure parisienne, en commençant par la recherche d’un petit pied-à-terre. J’en dénichais un, dans une rue au nom plein de promesses : la rue de la providence, qui débouchait elle-même sur la rue de l’Espérance – c’est tout dire. Alors que j’entamais ma deuxième année au Cours Florent, suivant dorénavant les classes de l’après-midi en plus du soir, je fis mes premières armes face à un vrai public dans l’adaptation d’une pièce de Molière, « L’avare », avec des chansons en plus – si, c’est possible. C’était dans un tout petit théâtre, « Le Bourvil », situé rue des boulets. Et, effectivement, il était bien situé. Étant la troisième ou quatrième personne à reprendre le rôle, j’aurais du subodorer quelque chose, mais bon, j’étais jeune et c’était ma première occasion d’être sur une scène en dehors des cours, face à un vrai public. Petit public, certes, mais vrai. J’y ai beaucoup appris, notamment à continuer quoiqu’il arrive sur scène. Continuer malgré un régisseur aux fraises s’absentant EN PLEIN SPECTACLE pour s’acheter un kebab, souvent plein – mais pas (que) de bonnes intentions, balançant les musiques au petit bonheur la chance…
Continuer malgré une des actrices montant sur scène avec son chien, qui était malade, et qu’elle ne voulait pas laisser seul chez elle ni dans les coulisses… un comédien remplacé le jour même par « un copain » du metteur en scène/acteur principal/directeur du théâtre, qui n’avait jamais fait ça, et a découvert le texte la veille – non, mais c’est un petit rôle, et vous l’aiderez en le dirigeant sur scène…
Pour une première expérience, ç’a été très formateur, je vous l’assure, et sans ironie. Après ça, on est zen sur un plateau…
A cette époque, j’ai eu mon premier rôle dans l’audio-visuel, dans une pub pour des nems – comme quoi, où je sautais sur un videur asiatique pour lui planter mes dents dans le bras, alors que retentissait le gimmick « Envie de Chinois ? Petits plats Luang » , marque qui n’existe plus maintenant, allez savoir pourquoi…
Je suis sorti breveté de l’école Florent en 2001, et pendant ce temps-là, avec une amie, nous avions monté un duo comique et nous jouions des sketchs que j’écrivais. Nous passions dans les cafés-théâtres parisiens, comme le « point-virgule », « les blancs-manteaux », « le triomphe »… Après les avoir rodés face au public, nous avons monté la pièce au Théothéâtre, avant de la jouer un peu partout, même sur une péniche, et sous le parrainage de Pascal Légitimus.
J’ai ensuite eu le rôle principal dans une tragédie « La fureur des Princes », magnifique pièce historique sur la vie d’Henri III, écrite par un jeune et talentueux auteur, Hervé Bastien. C’est pendant cette pièce que j’ai commencé à tâter de la rapière (mais non, c’est une catégorie d’épée…) ce qui allait devenir un élément important par la suite.
Alternant allègrement les registres, je jouais ensuite dans une comédie de boulevard « La Chouette », mise en scène par Bernard Menez (pour les moins jeunes, qui connaissent), dans « Le fou rire des Lilliputiens », pièce poétique et surréaliste de Fernando Arrabal, « Reportages », de Bruno Charrier, « Hot house », d’Harold Pinter… apprenant chaque fois un peu plus mon métier, et corrigeant le tir face au public.
Chapitre 2
Les années passent. Petits rôles, radio et rapière. Champion. Puy du Fou, mogettes et surgelés. Une décision décisive.
Tout en jouant au théâtre, alors que les rôles et les années passent, je faisais également des apparitions dans des téléfilms et des longs-métrages, des rôles plus conséquents dans des courts-métrages, et participais également à des fictions radiophoniques sur France culture.
Parallèlement à cela, en 2004, grâce à un bretteur rencontré lors de « La fureur des Princes », je me mis à l’escrime de spectacle, ou encore escrime artistique, apprenant à manier la rapière, le sabre, les épées à une et deux mains, la dague, le grand bâton etc… Après une année d’entraînement intensif, nous avons commencé à nous produire lors de manifestations culturelles et dans des festivals médiévaux. Fort d’un succès auprès du public, nous nous sommes tournés vers les compétitions (si, ça existe, il y en a même beaucoup, et de par le monde). Le principe est de construire une scène de combat, la note étant attribuée sur plusieurs critères tels que l’histoire, la mise en scène, le combat lui-même (technique, lisibilité, sécurité)… un peu comme un film, mais en vrai – oui, du théâtre… mais avec des combats d’épées ! Je m’occupais de l’histoire et de la mise en scène, orientée comédie, et mon maître d’armes de la chorégraphie du combat. Après avoir remporté plusieurs victoires dans des tournois régionaux, nous sommes allés en Allemagne nous frotter à une compétition internationale. Nous avons eut la première place, où l’aspect comédie de notre numéro nous a fait gagner la sympathie du public. Cela nous a permis de rencontrer Ran Arthur Braun, metteur en scène de spectacles d’action, qui nous invita en Italie pour participer à un grand spectacle live dans un château, sous la direction de Tony Wolf – le fight designer de la trilogie du Seigneur des Anneaux. D’autres spectacles suivirent, à chaque fois dans des lieux fabuleux et historiques, à Tarbes, à Piobicco, à l’île-adam, au château de vaux-le-vicomte…
Peu après avoir gagné notre deuxième titre international, au Torneo-capoferro Muzumucci Greco, face à des représentants d’une quinzaine de pays, je partais pour la Vendée en 2007, pour participer à la création du spectacle « Mousquetaire de Richelieu », au Puy du Fou. Dans une salle magnifique de 3000 places, construite pour l’occasion, avec des effets spéciaux innovants (la scène se recouvre d’eau et se transforme en lac, explosions, jets d’eau, tyroliennes…) j’ai eu le plaisir de travailler sous la direction du maître d’armes Michel Carliez, et de rencontrer une équipe formidable. L’aventure dura cinq ans, pour plus de 1500 spectacles, avant que je ne doive y mettre un terme pour raison de santé. Ce fut une belle aventure, et les sourires des enfants qui vous tende la main les yeux brillants d’étoiles, en criant « D’artagnan! », lorsque vous dévalez l’escalier pour sauter au milieu des méchants, reste parmi mes meilleurs souvenirs.
Ce fut également à cette période où, rassemblant les copains du spectacle, je voulais faire un petit court-métrage de cape et d’épée humoristique. Au fur et à mesure que j’écrivais, le scénario s’étoffa, et finit par aboutir à un script assez conséquent que nous avons tourné en une semaine dans les magnifiques paysages de la Vendée. Ce fut ma première réalisation : « La Mogette Masquée », ou l’histoire d’un héros mal-aimé qui détrousse le méchant gouverneur Montoyeau pour redistribuer l’argent aux villageois, et finit par devenir le fer-de-lance de la révolte paysanne, sous l’impulsion de l’impulsif Léon, qui se cache derrière lui pour assouvir ses pulsions révolutionnaires. Je réalisais, et jouais le gouverneur Montoyeau, despote mal dégrossi entouré d’incapables. Ce qui nous donna un film d’une heure, que j’ai ensuite découpé en 10 épisodes pour en faire une web-série, comme c’était la mode – je vous parle d’un temps que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître… Youtube en ce temps-là, ne parlait pas de copyright…
Donc, après cinq ans au Puy du Fou, je dus m’arrêter pour cause de sciatique névralgique en début de saison. Un disque complètement usé, morphine, rééducation en piscine… la totale. J’y perdis mon statut d’intermittent, et n’ayant plus le temps et devant gagner la croûte pour nourrir ma famille – Ha oui, car entre-temps, je me suis marié et j’ai eu un fils – oui, je n’ai pas eu le temps d’en parler, c’est un peu court en quelques lignes (Vous voyez bien qu’il faut lire les 15 tomes…), donc, devant nourrir ma famille, je me résolus à devenir représentant en produits surgelés pour une marque que je ne nommerais pas – non pas que je leur garde rancune, mais ce n’est pas le propos). Ce fut une expérience enrichissante. Faire du porte-à-porte vous forge le caractère, et vous fait découvrir toute l’étendue de la palette humaine. Mais bon, ce fut également très éprouvant moralement. C’est là que ma femme me proposa que l’on parte en Chine. Oui. Car ma femme est Chinoise. Comment, je ne l’ai pas dit ? – tome 9, page 427. Elle me disait, tu verras, là-bas on a besoin de comédiens étrangers, et puis ce sera bien pour que le petit découvre son autre culture. J’étais d’accord, surtout parce que je n’avais rien à perdre, que je voulais changer d’air, et que oui, ce serait bien de voir l’autre côté culturel de notre famille. Je ne pensais pas spécialement que j’aurais du travail en tant qu’acteur là-bas. Je me trompais. Lourdement. Et ce fut la meilleure décision de ma vie. Une décision décisive, quoi.
Chapitre 3
La Chine. Shanghai, petits rôles et expert en tout. Fille. Pékin, grands rôles et l’air de rien. Quzhou, famille et grand projet.
Ha ! La Chine ! Que dire, que dire… Nous sommes arrivés à Shanghai en plein été 2013. Nous nous étions fixés pour cette ville, car les parents de ma femme n’habitaient pas loin (enfin, tout est relatif, cinq heures de train tout de même – maintenant avec le train rapide, c’est deux, c’est mieux…) et ne parlant pas chinois (moi bien sûr, pas ma femme) on se disait que ce serait plus facile, les gens parlant plus anglais (alors, attention, ne vous laissez pas non plus abuser par ce « plus »…). Le fait est que, après quelques jours d’installation, je me mettais sur internet et tapais tout simplement « casting Shanghai » dans la barre de recherche. J’envoyais quelques CV, et croyez-moi je fut le premier étonné lorsque quelques jours plus tard, j’avais trois jours de tournage de prévu pour la semaine suivante : une figuration pour une pub, un rôle dans une pub suite à un casting réussi, et un rôle principal dans une petite vidéo pour l’office du tourisme du quartier de Jing An. Ceux qui connaissent la situation en France comprendront mon étonnement… La surprise ne s’arrêta pas là, puisque lors de ce premier tournage, je rencontrais plein d’autres étrangers – plus ou moins acteurs, mais qui, voyant que je venais d’arriver, me donnèrent de bon cœur toute une liste de contacts. Je vais passer rapidement sur la suite (non, ne souriez pas, je sais…), et en une année je fis de la figuration, des vidéos d’entreprise où je jouais l’expert étranger de service – tripotant une pièce de machine ou un bout de parquet d’un air approbateur, puis des petits rôles dans des télé-séries. Quelques lignes, puis quelques scènes, et enfin quelques jours…
La naissance prochaine de ma fille nous fit revenir en France, et lors de notre retour en Chine, nous décidâmes de nous installer à Pékin, comprenant que c’est là qu’il faut être pour avancer d’une marche supplémentaire dans ma carrière. Dans la même optique je décidais – bon, d’accord, ma femme décidait… de m’inscrire à l’université des langues de pékin, pour apprendre le chinois. Ainsi je pus avoir mes premiers grands rôles, dans des séries-télé, ainsi que des petits rôles au cinéma – mais face à Jackie Chan, Mike Tyson, Arnold Schwarzenegger… et faire mon métier tel que je rêvais de le faire. Je ne vais pas revenir sur toutes mes expériences en Chine, ayant déjà largement poussé dans ses retranchements la notion de « quelques lignes », mais ce fut une époque heureuse et bien remplie, parfois trop, allant d’un bout à l’autre de la Chine, parfois dans la même journée, sans dormir, pour des raisons de planning entre productions, étant souvent sur plusieurs projets à la fois. Et toujours, sur chaque plateau, son lot de rencontre, parfois brèves, toujours intéressantes, et parfois plus longues, et qui s’épanouirent en amitié. J’ai eu la chance d’en avoir plusieurs comme cela, des amis avec qui nous avons fait d’autres projets par la suite.
Après un an et demi, nous décidâmes de retourner dans la ville natale de ma femme, qui se trouve n’être pas très loin de la ville de Hengdian, abritant les célèbres Hengdian world studios – le Hollywood de la Chine, pour nous rapprocher des grands-parents (des grands-parents de nos enfants, je veux dire). Je continuais les tournages, et ma femme et moi commencions à réfléchir à un projet plus important : faire un long-métrage – bon, en fait nous y pensions depuis longtemps, et réfléchissions plus exactement à sa réalisation. J’ai eu la chance à cette période d’avoir mon premier rôle principal dans un long-métrage, une comédie romantique et d’aventure tournée au Zimbabwe, qui s’enchaîna – grâce à la réalisatrice qui me recommanda, avec mon deuxième rôle principal, cette fois-ci dans un film de science-fiction.
Nous commençâmes ensuite la production de notre film, et le tournage débuta le 26 juin pour se terminer le 15 Août, jour où la France remporta sa deuxième médaille de champion du monde. Ce fut un challenge important pour moi, car bien qu’ayant réalisé quelques courts-métrages, un long-métrage est un tout autre challenge. Ce fut une période très intense, faite d’exaltations, de découragements profonds, de joies, de problèmes… et cela quotidiennement. Et finalement, grâce à toute l’équipe, tout fut mis en boite, avec parfois des regrets, parfois de bonnes surprises, mais toujours avec une passion qui laisse, une fois tout achevé, un peu dans un état d’hébétude. On l’a fait ?
Vous me pardonnerez de ne pas donner trop de détails dessus pour l’instant, tant que le film n’est pas encore fini, sauf que c’est une comédie, et bien évidemment sur le thème des relations franco-chinoises, mais aussi parentales et amicales. La rencontre, pas toujours facile, entre deux mondes très différents – mais pas tant, et que rien n’oppose si ce n’est tout un tas de clichés et de préjugés, qu’il va falloir apprendre à dépasser. Enfin bref, je vous en parlerai sûrement de nouveau un peu plus tard !
Voilà, pour en finir avec ces cinq années en Chine, durant lesquelles j’ai sillonné les régions, découvert souvent des lieux d’exceptions, et fait des rencontres non moins exceptionnelles.
Epilogue ?
Nous voilà maintenant de retour en France. Je savais que le retour allait être dur, mais il est dur. Passé un temps de réadaptation, je recommence de zéro ici, retournant faire de la figuration, dans un système beaucoup moins ouvert que celui de la Chine, où ici tout repose sur les connexions. Mais ça redémarre, doucement, et ça avance, sûrement… Le reste est à suivre…
J’espère que vous me pardonnerez cette brève et succincte présentation, manquant de temps, et j’invite le lecteur curieux à se procurer les 15 tomes de la première partie de ma biographie, sobrement intitulée « mes débuts ». Pour les autres, tout est dit, et l’histoire continue de s’écrire.
Rédaction PFC: Où en es-tu actuellement de ta carrière et qu’entrevois-tu dans le futur?
Comme dit plus haut, je suis maintenant de retour en France, où je manque de contacts, ayant été absent longtemps. Le système français est très différent de la Chine et beaucoup plus basé sur le relationnel, il faut rentrer dans le cercle, et je dois reprendre de zéro. J’espère tout de même que l’expérience que j’ai eue en Chine fera une petite différence. Cependant les choses avancent, même si c’est moins rapide qu’en Chine, et je vais reprendre le théâtre, ce qui me manquait beaucoup. Je viens d’être choisis pour le rôle principal dans une pièce de Feydeau – auteur que j’ai toujours aimé et voulu jouer, et même si j’ai un peu perdu l’habitude d’être deux heures sur scène, sans filet, et que la pression est grande, je suis impatient et exalté par cette nouvelle aventure et retrouver enfin le public en direct.
Et bien évidemment, après une mise au repos de notre projet, suite à notre retour en France, je vais bientôt commencer la phase de post-production de mon film – oui, pardon, ma chérie, de notre film, car, il faut l’avouer, rien n’aurait été fait sans elle, son soutien, sa logistique, ses relations, et sa formidable détermination – et il en faut de tout ça, pour rendre les choses possibles.
Pour le futur, j’espère trouver un agent artistique avec qui bâtir une relation de confiance et développer ma carrière en France, en attendant de sortir mon film sur les écrans chinois et français. Et bien sûr, continuer à jouer, écrire et faire des projets, tout en regardant mes enfants grandir.
Rédaction PFC: Quel est ton meilleur souvenir de tournage?
Ha ! C’est dur ça… le meilleur ? Je ne sais pas, j’ai tout un tas de très bons souvenirs, que ce soit par rapport aux lieux de tournage, aux personnes rencontrées, aux scènes tournées… Alors bien sûr, avoir pu jouer avec des acteurs qui ont fait les films de mon enfance, comme Christian Clavier, Jackie Chan, Arnold Schwarzenegger, sont des souvenirs qui ont une place à part. Passer une semaine en Mongolie-intérieure pour tirer au lance-missile sur Mike Tyson, ça vaut son pesant de cacahuètes… Sortir du plateau et tomber sur Matt Damon en allant aux toilettes, aussi… Mais j’ai tout autant d’affection pour des souvenirs de « petits » tournages, des courts-métrages avec des potes, des plans galère parfois, mais plein de surprises… c’est dur de choisir… Chaque tournage à son meilleur souvenir, tous très différents, mais j’ai quand même une anecdote, qui, à défaut d’être Le Meilleur Souvenir, est, tout de même assez représentatif du métier que nous faisons.
Nous étions dans le Guangdong, pour le tournage d’une scène, sur un bateau qui se fait attaquer par des pirates, dans le style Pirates des Caraïbes. Une grosse production Hong-Kongaise, qui avait construit grandeur nature une réplique d’un galion. Enfin, tout du moins, la moitié. Et nous passions nos journées sur ce pont, en plein soleil, en plein été. Après un jour, j’étais déjà rouge vif… mais bon. Le dernier jour de tournage devait voir l’attaque finale du bateau, pardon, du navire, et son explosion. Nous avions passé pratiquement toute la journée à attendre que toutes les caméras soient positionnées, les artifices placés… tout en faisant des répétitions. Car, bien évidemment, il ne pourrait y avoir qu’une prise. Et là, le gars nous dit « n’hésitez pas à crier, à courir, à vous coucher, et surtout n’oubliez pas d’avoir peur. ». Bon. D’accord. Pas de problème. Arrive le moment de tourner la scène. «Il y aura d’abord une petite explosion au-dessus de vous, et c’est le moment où il faudra commencer à courir et avoir peur. N’hésitez pas à en faire beaucoup… » Ok. On répète les mouvements une dernière fois, et on y va. Cette fois on la tourne. Bon. Pas de problème.
N’oubliez pas d’avoir peur » Oui, oui… Allez, moteur demandé, ça tourne… Le bras du réalisateur s’abaisse, et là… Une ENORME explosion retentit juste au-dessus de nos têtes. Un bruit assourdissant retenti. Je sens le souffle de la chaleur, et nous nous projetons tous à terre en mettant les mains sur nos oreilles. Et là… L’enfer se déchaîne. Des explosions retentissent de partout, les débris nous tombant dessus, la fumée se répandant, tout le monde criant et courant dans tous les sens… Ha ! bah, je n’ai jamais vu autant de personnes jouer si juste sans avoir même à se forcer ! « faites semblant d’avoir peur », qu’il disait !Rigolo, va ! En tout cas ces quarante secondes ont été un moment inoubliable, sur ce navire d’époque, en costume, avec les gars, à se faire attaquer par des pirates… là tu te dis, j’y suis, je fais du cinéma !
Donc, oui, ces meilleurs souvenirs ce sont ceux où, tout d’un coup, la magie opère et on oublie où l’on est, pour être dans l’histoire. Ce qui peut arriver sur n’importe quelle scène, n’importe où, et pour n’importe quelle raison. Tout d’un coup, ça marche. J’ai aussi d’excellents souvenirs de court-métrage, qui bien que moins exotiques que celui-là, ont tout autant de valeur. Et c’est ce vers quoi je tends, à chaque fois, essayé que ça marche, qu’on y croit.
Rédaction PFC: Qu’est-ce qui t’a décidé à rejoindre l’association?
Et bien déjà, je connais très bien Vincent, le secrétaire de l’association, que j’avais rencontré lors d’une scène mémorable où nous devions saccager une salle entière de restaurant dans une bagarre générale…Ensuite, j’ai beaucoup d’amis qui y sont déjà, et enfin, c’est un honneur de pouvoir faire partie de cette belle aventure. De pouvoir faire des rencontres, toujours, car ce sont elles qui nous font avancer, et mettre à disposition mon expérience, en comédie, en escrime de spectacle, ou passer un moment à discuter autour d’un café – ou d’un thé, et je vous rassure, je suis moins bavard en vrai !
Rédaction PFC: Souhaites-tu ajouter quelque chose?
Oui, mais je serais bref, si, si. Je vous prie de m’excuser pour les pavés de textes, mais une fois lancé, je crois que je me suis laissé emporter… Et puis ça faisait longtemps que je n’avais pas pris autant plaisir à écrire, alors… désolé que ça tombe sur vous !
J’espère qu’on se rencontrera, à un moment ou un autre, et en attendant je vous souhaite le meilleur dans votre vie, de continuer à faire des choses qui vous passionnent, et que les bonnes choses qui vous arrive valent la peine d’endurer les autres !
A bientôt !
Rédaction PFC: Merci d’avoir répondu à cette interview et bienvenu chez les “Professionnels Francophones du Cinéma”.
Merci !
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