Rédaction PFC: Peux-tu te présenter en quelques lignes?
Bonjour, Je m’appelle Sandrine Charruyer, je suis française avec quelques gouttes de sang chaud italien, du côté de ma mère, suis née à Paris, en France, ai grandi à Bordeaux dans la région d’Aquitaine, où j’ai étudié le business management d’entreprise en hôtellerie et restauration, à Talence. Je me suis toujours intéressée à l’être humain, l’environnement, les animaux, la psychologie, le cinéma, le théâtre, la littérature. Enfant, je rêvais de faire du théâtre, de la radio, et devenir réalisatrice de cinéma/ou TV mais, mes parents ne le voyaient pas du même œil. J’ai dû donc remettre mes vieux rêves à plus tard.
Les voyages ont été les premiers dénouements de ma vie et m’ont fait observer au loin, le milieu du cinéma et de la TV. Le métier de maître d’hôtel me permit de bourlinguer et de rencontrer les plus grands de ce monde : tant dans le cinéma, que de la chanson ou de la politique, et des médias. Une petite amorce douce, entre autres, pour sentir et palper ce monde tumultueux des artistes. Je fis mes débuts dans des hôtels de grand luxe, en saisons d’été et d’hiver et je devins ainsi, un vrai globe-trotter, partagée entre la France, la Suisse, et l’Angleterre puis à St Martin, où je suis restée pendant 5 ans et demi. Là, je me suis sentie comme un poisson dans l’eau, petit paradis terrestre, blindés de marginaux, de jeunes entrepreneurs, d’artistes connus ou moins connus, de Créoles, de musique et de couleurs.
Je travaillais beaucoup, mais je vivais un rêve. Après 5 ans de bonheur sur cette oasis, l’extase de mes débuts commença à s’estomper : l’appel de l’aventure se fît ressentir à nouveau ! Étant localisée juste à côté des États Unis, je décidai d’y faire une tentative et pris mon envol en destination de San Francisco. L’expérience fut de courte durée : un peu désappointée par la culture du pays, je continue mon périple, en passant par Hawaï, la Nouvelle-Zélande, l’Australie pour finalement atterrir en Nouvelle Calédonie où je décide de rester travailler pendant deux ans et demi. En 1999, à la veille des jeux olympiques (et du millénium), je reprends la route pour aller travailler en Australie, à Sydney, quand une rencontre amoureuse, et inattendue, changea le cours de ma vie, et m’ancra solidement dans la ville, pendant 20 ans. En 2012, alors que j’étais en simple voyage de vacances avec ma famille, dans le pacifique, mon mari et moi avons eu un coup de cœur pour l’île du Vanuatu.
Cet archipel aux mille couleurs et aux sourires enjoliveurs devint ainsi notre deuxième port d’attache après l’Australie. Tous ces voyages et ses rencontres magiques, n’ont jamais enterré mes rêves d’adolescente et l’Australie devint vraiment le pays catapulteur.
Tout commença par la rencontre surprenante de Gabrielle Haumesser, une superbe personnalité Alsacienne, qui animait une émission de radio à Sydney, qui existe encore à ce jour, et qui s’appelle : Foreverfrench (sur la fréquence 89.7 FM à Eastside Radio).
Un jour, elle me demanda de venir l’aider pour lui transcrire digitalement son répertoire musical, et, petit à petit, sentant mon enthousiasme et ma curiosité, elle m’intégra à son émission et m’initia au métier de productrice et présentatrice radio.
Et voilà, 10 ans plus tard, m’y voici encore ! Pendant ce moment d’apprentissage euphorique, le théâtre est ensuite venu frapper à ma porte: je venais regarder et encourager un ami qui jouait dans une troupe d’amateurs française, qui s’appelait à l’époque le « Sydney French Theater ». J’adorais toutes les pièces dans lequel il jouait et je mourrais d’envie d’essayer, mais le courage me manquait. Puis, un jour, le conseil de la troupe eu besoin de nouvelles recrus. Mon ami m’a tout de suite demandé de les rejoindre et je me suis alors lancée. C’est ainsi que tout à commencer ! En 2015, la troupe changea de nom et se fît appeler « Le Petit Théâtre De Sydney » : https://lepetittheatresydney.org.au/
De ce jour jusqu’à aujourd’hui, je n’ai cessé de prendre part à toutes les productions, en donnant la main à la pâte, selon les besoins, tout en adhérant aux ateliers qui furent animés alternativement par des metteurs en scène extraordinaires qui ont beaucoup influencé ma vision du théâtre, tels que :
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- Anna Jahjah, Franco-Libanaise, une créative de grand talent qui m’a formé au métier d’acteur : elle a maintenant sa propre boîte et produit énormément de pièces. (http://www.theatrexcentrique.com/person/anna-jahjah/)
- Alison Windsor (https://www.alisonwindsor.com) une francophile Australienne comédienne très avisée, et metteur en scène extraordinaire avec qui j’ai pris des cours de mise en scène théâtre.
- Puis, je fus aussi dirigée dans des petites pièces par d’autres membres de la troupe qui ont un don inné pour le théâtre et des années d’expérience dans la comédie française comme la très talentueuse Sophie Lepowic. (https://www.imdb.com/name/nm7127322/).
- Ceci, jusqu’à que je me lance à mon tour au sein de la troupe et dirige ma première petite pièce en 2017 sur un classique de Jean Yann qui s’appelle : « Le Permis de Conduire » que j’ai réadapté au goût du jour.
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Et puis voilà, de fil en aiguille, j’ai ensuite voulu pousser mes limites un peu plus loin, en allant explorer le monde du film. Je me suis donc inscrite au North Sydney NSI Film & Television School. Pendant 1 an, j’ai été accompagnée par des profs remarquables et passionnés qui m’ont guidé dans toute la création d’un film, en passant de la pré-production, à la production et post-production. Cela m’a permis de découvrir mes capacités et de développer des amitiés et des contacts. J’ai ensuite participé à des petits projets de courts-métrages pour les amis, jusqu’ à que je me lance à mon tour, en filmant un film documentaire tourné au Vanuatu avec une équipe Australienne que j’ai appelé PAMDEMONIUM et qui est sorti en 2018. J’ai ainsi continué et ne me suis plus arrêtée depuis.
Rédaction PFC: Où en es-tu actuellement de ta carrière et qu’entrevois-tu dans le futur?
Ma carrière se dessine doucement mais sûrement autour de la TV au travers de films documentaires, mais j’aimerais aussi garder un œil sur le monde du cinéma que j’adore.
En vérité, je rêve d’allier le film documentaire au monde du cinéma… Peut on un jour franchir ce pas et considérer un film documentaire comme une « œuvre artistique et cinématographique » et pas seulement un reportage à connotation journalistique ?
Peut-on remplir les salles de cinéma ? Les choses commencent à changer grâce à des acteurs connus qui s’impliquent dans des films documentaires qui défendent des causes, mais ça reste encore deux mondes distincts.
Mon premier film documentaire, a été un pur apprentissage au métier de réalisatrice et productrice. Il m’a ainsi aidé à trouver ma voie et fut un point culminant dans ma carrière.
Le film se porte bien, il s’est affranchi de sa tournée des festivals de film pendant 1 an, de 2018 à 2019, et a gagné quelques prix. J’aurais voulu organiser une diffusion en salle de cinéma cette année en Australie, mais la demande de travail de mon second film et le COVID 19 qui s’est greffé dessus, ne m’en ont guère laissé le temps. Vues les circonstances actuelles avec le COVID et la réduction du public en salle de cinéma, je recherche plus maintenant à le distribuer à l’international. (Les infos et trailer peuvent être vue sur le site : https://anphietomproductions.com/pamdemonium/).
Aussi, en cette année 2020, bien que marquée par des événements sans précédent, comme les effroyables incendies qui ont sévi toute la partie Sud -Est de L’Australie suivi du COVID, mon équipe et moi-même avons réussi à clôturer un autre film documentaire qui s’appelle « Inferno Without Borders » (acheté sous le nom d’Été En Fumée en Nouvelle Calédonie). C’est un 52 MNS qui nous éclaire sur l’agencement des feux de brousse et les feux traditionnels et le pourquoi du comment de cette tragédie incendiaire qui aurait sans doute pu être évitée si nous avions écouté la sagesse des aborigènes. C’est un projet qui a été commissionné par France Télévision, pour répondre à la demande du chef éditeur : Patrick Durant Gaillard du magazine télévisé « Itinéraire », projeté sur la chaîne NC La 1ère.
Nous en sommes maintenant à la phase Marketing, Distribution et Inscription dans tous les festivals de films les plus importants tels que : Sundance Festival, Tribeca, San Francisco, Hot Docs etc… En raison du COVID, Les concours se font tous en ligne cette année. La bonne nouvelle c’est que le film a été accepté et soumis en septembre 2020, au prestigieux festival de film Australien AACTA mais la mauvaise nouvelle c’est qu’il n’a pas gagné de prix.
Rédaction PFC: Qu’entrevois-tu dans le futur?
Créer un pont de coproduction solide entre l’Australie, nos pays voisins du Pacifique, et les pays francophones. S’unir et coopérer ensemble pour produire des films grandiose, sensible, qui font rêver, voyager et qui émeuvent. Un peu dans la veine de « La Sagesse de la Pieuvre » réalisé par Pippa Ehrlich et James Reed avec Craig Foster, pour le côté film documentaire, ou dans la veine de « Les Intouchables » d’Olivier Nakache & Éric Toledano pour le côté cinéma.
Nous n’en sommes pas là bien sûr, car notre compagnie est toute nouvelle et se lance mais nous avons déjà des projets de Co productions avec la Nouvelle Calédonie et le Vanuatu qui sont en cours comme :
- Un film documentaire factuelle de 52 mns sur l’émancipation des femmes Mélanésienne du Vanuatu, en Co production avec France Télévision.
- Une série de films documentaires environnementaux produits et réalisé par Thomas Decros, en partenariat avec Canal Plus et Planète, une série qui nous transportera dans un univers à la beauté naturelle exceptionnelle de Nouvelle Calédonie où les espèces sont menacées. L’Australie sera impliquée pour la partie montage et mixage en Post production pour la reconstitution des espèces animales disparues, sous un format 3D animé.
- Nous espérons aussi continuer de travailler en parallèle sur des séries de courts-métrages Franco-Australiens comédie dramatique sur des plateformes comme Vimeo ou Youtube.
Rédaction PFC: Quel est ton meilleur souvenir de tournage?
Le Vanuatu regorge de surprises, les gens vivent tellement hors du temps et de notre réalité, qu’il peut parfois vous arriver des choses hors du commun. Je me souviens d’une anecdote pendant le tournage de « Pamdemonium » que je ne suis pas prête d’oublier : premier film, premier coup de sang ! Nous avions prévu deux jours de tournage pour faire des scènes de reconstruction avec les vrais protagonistes du film. Nous voulions au départ, engager des acteurs, mais ils n’étaient pas disponibles. Les effectives au Vanuatu étant très réduit, on a demandé aux locaux de jouer les scènes voulues. Ils ont tous accepté et s’en sont rudement bien sortie. Le premier jour se passe très bien mais le deuxième jour : personne ne se présente sur le plateau ! Je me liquéfie sur place. Me voilà partie à courir dans les champs et les villages voisins en quête de mon équipe d’acteurs mélanésiens. Je reconnais une des femmes mélanésiennes qui avait eu joué la veille et je lui demande pourquoi elle n’est pas là aujourd’hui et où sont tous les autres ? Elle me répond dans un sourire angélique, que le chef du village a dû se rendre sur une autre île pour l’enterrement d’un autre chef et n’a pu donc venir et, qu’elle ne savait pas quand es ce qu’il renterait ! La tradition veut que pendant l’absence du grand chef, et par respect pour lui et du défunt, tout le monde reste en deuil chez soi et se doit d’attendre le retour du chef. Donc, personne n’osa se présenter sur le plateau du tournage sans lui. Je lui fis alors comprendre, avec la plus grande des diplomaties, mais dans un ton qui avait du mal à cacher mes émotions et mon stress, que mon équipe de tournage repartait le lendemain en Australie et qu’il me fallait à tout prix faire mes prises de vue, aujourd’hui. Sentant ma détresse réelle, elle me demanda de l’attendre et en 10 minutes, elle s’est arrangée pour me réunir la totalité de l’équipe ! J’ai d’autres histoires de ce genre de ce type-là, que je vous passe, mais celle-ci, fut la plus costaud.
Rédaction PFC: Qu’est-ce qui t’a décidé à rejoindre l’association?
Je m’étais imaginé créer quelque chose du même genre que votre association moi-même, je suis donc ravie que d’autres personnes dévouées y ont aussi pensé, et ont surtout pris l’initiative de le faire. Je remercie tout particulièrement David Semery, qui vit à Sydney, et que j’ai rencontré et qui m’a donné la chance de participer à votre groupe.
C’est une nouvelle aventure pour moi tout comme pour votre association qui semble être quelque peu prometteuse. Bravo et je lui souhaite une très longue vie!
Rédaction PFC: Souhaites-tu ajouter quelque chose?
J’aime beaucoup ce dicton de St Exupéry : – « Fait de ta vie un rêve et d’un rêve une réalité ». C’est ce que je tâche de faire tous les jours, même en période de doutes, et où les temps sont troubles.
Rédaction PFC: Merci d’avoir répondu à cette interview et bienvenue chez les “Professionnels Francophones du Cinéma”.
Retrouvez Sandrine sur:
IMDB: https://www.imdb.com/name/nm6395511/
Foreverfrench, 89.7 FM à Eastside Radio: https://eastsidefm.org/foreverfrench/
Interview réalisée par la rédaction par écrit fin 2020.